Rencontre avec Meta Paubert, co-fondatrice de l'Association “Nofy I Androy”
Vous pouvez suivre l'actualité de “Nofy I Androy”sur leur site internet nofyiandroy.org ou sur Facebook
Bonjour Meta, peux-tu s'il te plait, te présenter ?
Bonjour, je m'appelle Meta Paubert et je suis originaire d'Ambovombe, Androy. Ambovombe se situe dans le Sud de Madagascar ou....il n'y a pas vraiment de routes, mais c'est quand même possible de s'y rendre. Pour quelqu'un qui n'est pas originaire du Sud, c'est vraiment difficile d'y vivre. Pour nous...je pense que c'est OK...C'est un endroit ou tu ne trouves pas de bibliothèque et des choses comme ça....C'est un endroit magnifique, tout le monde est chaleureux, tout le monde garde l'espoir, et le sourire.
Meta, tu es très attachée a ta Région, c'est la raison pour laquelle tu as créée une association. Peux-tu nous en dire davantage ?
Bien sur. Il s'agit d'une ONG (Organisation non-gouvernementale a but non-lucratif) qui s'appelle Nofy I Androy. Nofy signifiant Rêve, et Androy, c'est d’où je viens. Avec deux amis, Nicolas Hendersen et Joseph Hendersen, nous partagions ce rêve d'avoir un jour notre propre école dans le Sud de Madagascar. Nous souhaitions commencer en Androy, et aider des jeunes filles avec un fort potentiel, et qui rêvent de devenir quelqu'un.
Nous avons lancé l'association en 2012, et commencé avec 17 jeunes filles et nous avons 4 enseignants et un bénévole Américain de l'organisation des Peace Corpse qui nous aide. Nous avons en quelque sorte le rôle de tuteur (soutien scolaire). Les jeunes filles vont a l'école « classique » durant la journée, et le soir elles rejoignent l'école de NIA ou les professeurs apportent un accompagnement supplémentaire.
Nous avons créée cette classe de soutien car l'école « classique » en Androy, ce sont généralement environ 180 enfants, dans une seule et unique salle de classe. La moitié au moins des enfants doit s'asseoir par terre faute de mobilier...Je vous laisse imaginer 180 enfants et un seul enseignant ! L'interaction est impossible, il est très dur pour un élève de lever la main, de poser une question a son professeur. Dans la classe de soutien de NIA, les élèves ont la chance de pouvoir travailler dans le calme, se concentrer, interagir avec l'enseignant...
Les jeunes filles qui participent au programmes de Nofy I Androy doivent être particulièrement motivées. Comment sont-elles choisies, quel est le processus d'intégration ?
Nous faisons de la publicité pour NIA en posant des affiches dans les écoles, les mairies...Ces affiches indiquent que nous recherchons des jeunes filles qui ont un rêve ! Nous demandons a ces jeunes filles ou elles s'imaginent dans 5 ans, 10 ans...Et les jeunes filles qui intègrent l'école devront se plier aux règles !
Nous apportons notre soutien a des jeunes filles qui ont la volonté de continuer a étudier, a se constituer une carrière avant de songer a se marier ou faire des enfants.Bien sur personne ne les oblige a faire ce choix ! Et vraiment certaines de ces jeunes filles sont impressionnantes !!!!
Nous avons commencé avec 17 et aujourd'hui nous avons 26 jeunes filles qui bénéficient du soutien de Nofy I Androy !!! Le nombre de nos étudiantes ne cesse de croitre...
Comment financez-vous l'action de l'association et comment envisagez-vous de financer ce nombre croissant de jeunes filles intégrant le programme NIA ?
Initialement 100% des financements venaient des poches des 3 fondateurs de l'association. Mensuellement nous envoyons des fonds pour couvrir les dépenses telles que les salaires des enseignants, les fournitures pour la classe et les élèves, et parfois même pour couvrir les frais médicaux d'une élève....
Il y a quelque temps, nous avions le projet d'équiper la classe de panneaux solaires. Nous avons commencé a partager un appel sur Facebook pour obtenir de l'aide sur le financement du projet. Amis et famille nous ont soutenus, je les remercie d'ailleurs du fond du cœur !!! Grâce a cette mobilisation, nous avons levé plus de 2000 $ et pu investir dans ces panneaux solaires. Désormais nous disposons dans la classe (qui a lieu de nuit) d'un éclairage. Nous n'avons plus besoin d'allumer des bougies tous les jours !!! Imaginez-vous comme c'est difficile d'étudier a la lumière d'une bougie ?!
En Androy, le soleil brille en permanence, ce système est donc très efficace !!! Et ce projet ne sert pas qu'aux étudiantes de NIA mais a la communauté toute entière, cette salle éclairée est ouverte a tous !
Vous avez pu financer par vous-mêmes, puis collecter des fonds sur un projet, mais vous avez certainement toujours besoin de soutien ?Sincèrement, si nous vivons uniquement sur notre auto-financement, cette association ne pourra survivre bien longtemps....Maintenir nos actions, accueillir davantage de jeunes filles, et enfin, car c'est la notre objectif, le Rêve de Nofy I Androy : Ouvrir notre propre école !!!Les gens peuvent nous aider énormément en donnant juste 1$ par mois ! Si 50 personnes font de même....NIA peut déjà faire beaucoup plus ! Nous n'avons que 3 ans d'existence, et je suis fière de dire que nous avons déjà pu accomplir de belles choses en Androy, a Ambovombe !
Je voulais revenir à toi, Meta, Femme co-fondatrice de Nofy I Androy. Tu es un exemple pour ces jeunes filles, qu'est-ce qui t'importes dans l'action menée par l'association ?
C'est peut-être trop personnel comme sujet....OK...J'ai moi-même été maman alors que j'étais une adolescente et j'ai donc du interrompre ma scolarité et laisser tomber le lycée. 5 ans plus tard, j'ai voulu reprendre mes études ce qui n'a pas été facile, comme vous pouvez l'imaginer...J'ai finalement réussi a aller a l'université, obtenir une Licence et décrocher un bon poste auprès des Peace Corpse...Pour moi en tant que « Maman-Ado » et en tant que femme/ jeune fille élevée dans cette Région de l'Androy....Mon parcours paraît insurmontable ! Les étapes par lesquelles je suis passée pour en arriver la ou je suis...c'est si difficile ! Et je peux voir dans les yeux des jeunes filles de NIA (certaines sont des « Maman-Ado ») a quel point leur futur est en danger...C'est donc très important pour moi, que ces jeunes filles puissent recevoir un soutien et rêver de leur avenir : « ou je suis aujourd'hui, ou je veux être demain,ou après-demain... », Docteur, Ingénieure...quel que soit leur rêve... Nous ne voulons pas qu'a 14 ans, après le BEPC, elles se marient, aient des enfants, toujours plus d'enfants...C'est bien la que se trouve le cycle de la pauvreté : Des enfants qui ont des enfants, qui ont des enfants...Ça n'est pas viable !!La seule réponse, la clé se trouve dans l'EDUCATION !!!